AFRIQUE
Un poème de David Diop
illustré par l'élève Gambuti Luisiana
Afrique
Afrique mon Afrique
Afrique des fiers guerriers dans les savanes ancestrales
Afrique que chante ma grand-mère
Au bord de son fleuve lointain
Je ne t'ai jamais connue
Mais mon regard est plein de ton sang
Ton beau sang noir à travers les champs répandu
Le sang de ta sueur
La sueur de ton travail
Le travail de I' esclavage
L'esclavage de tes enfants
Afrique dis-moi Afrique
Est-ce donc toi ce dos qui se courbe
Et se couche sous le poids de 1 'humilité
Ce dos tremblant à zébrures rouges
Qui dit oui au fouet sur les routes de midi
Alors gravement une voix me répondit
Fils impétueux cet arbre robuste et jeune
Cet arbre là-bas
Splendidement seul au milieu des fleurs
blanches et fanées
C'est I' Afrique ton Afrique qui repousse
Qui repousse patiemment obstinément
Et dont les fruits ont peu à peu
L' amère saveur de la liberté.
David DIOP, Coups de pilon dans Présence Africaine, 1956.
*************************************************************
David Mandessi Diop (1927-1960)
Poète de la révolution africaine
David Diop est né le 9 juillet 1927 à. Bordeaux. Sa mère est camerounaise et son père sénégalais. Il vit entre la France, le Sénégal et le Cameroun. Il est très tôt (à 8 ans ) orphelin de père et est élévé, ainsi que ses cinq frères et sœurs par sa mère maria Diop.
D’une santé fragile, il passe une partie de son enfance dans les hôpitaux en France où il vit pendant la période d’occupation et de guerre. Pendant ses périodes de convalescence, il se passionne très tôt pour la littérature, et ne tarde pas à écrire pour exprimer ce qu’il ressent.
Au cours de ses études, il a pour professeur un certain Leopold Sedar Senghor. Sa licence obtenue, David Diop repart pour le Sénégal où il enseigne (lycée Maurice Delafosse).
Ses premiers poèmes sont publiés aux éditions « Présence Africaine » en 1956, dans un recueil intitulé « les coups de pilon ». Militant anticolonialiste radical, il répond comme beaucoup d’autres intellectuels africains de l’époque à l’appel lancé par Sékou Touré suite à la rupture avec de Gaulle et se rend en Guinée pour enseigner au collège de Kindia.